Madagascar – Côte d’Ivoire – Cameroun: La faillite de la Françafrique
Émeutes populaires virant à l’insurrection à Madagascar, mouvements de troupes inhabituels à Yaoundé, paix précaire à Abidjan : les derniers bastions de la Françafrique connaissent des turbulences. Tout concourt à l’idée que nous vivons le temps des révolutions en Afrique et, plus largement, dans un monde où l’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale, dessiné à Yalta, est remis en cause par le Sud global, conduit par la Russie, la Chine et l’Inde.
Cette quête d’un monde multipolaire s’exprime violemment en Afrique sur fond de paupérisation avancée des populations, lassées de l’iniquité qu’elles subissent depuis des siècles. Le tableau des trois pays en témoigne : les hordes de « microbes » — petits délinquants des centres urbains — sèment la terreur sur les rives de la lagune Ébrié ; les fonctionnaires camerounais peinent à joindre les deux bouts ; et à Antananarivo, des familles entières fouillent les poubelles pour se nourrir.
Ce constat est d’autant plus accablant que les ploutocrates au pouvoir mènent grand train, tout en reprochant aux populations leur « paresse chronique » et leur manque « d’esprit d’initiative ». C’est l’hôpital qui se moque de la charité. La patience du peuple, elle, a ses limites.
Les mots d’ordre se multiplient : « Pas d’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ! », « Rajoelina dégage ! » à Antananarivo, tandis que Douala et Yaoundé grondent d’une colère sourde. Autant de symptômes d’un mal nommé Françafrique, dont la guérison passe par une chirurgie sans anesthésie, à l’image de ce qui s’est produit récemment au Sahel.
Pour parler « gbè », comme on dit dans les banlieues abidjanaises, « il faut mettre en drap tous ces vieux mogos » d’une époque révolue, incapable de s’attaquer aux véritables préoccupations des masses populaires. Les opposants à ces régimes décrépits doivent saisir cette vague pour mettre fin à ces situations ubuesques.
Il serait illusoire d’attendre une réforme de ces satrapes, qui s’accrochent à leurs trônes grâce à l’armée et au « parapluie » de leur parrain tutélaire. Les conditions subjectives et objectives d’un élan émancipateur de masse sont réunies. Reste aux peuples et à leurs leaders de s’assumer pleinement pour rejoindre le cercle vertueux des nations décidées à prendre en main leur destin.
Une issue inéluctable, à en juger par les enseignements du matérialisme historique.
P ar Nayouma Yé