Les Secrets du DRS Algérien première partie : De l’Attentat du 11 Septembre aux Réseaux Terroristes
Le 11 septembre 2001, quelques heures après les attentats par avions sur les tours du World Trade Center aux USA, alors que tout le ciel américain était hermétiquement fermé à tout avion, seuls deux avions furent autorisés à décoller : celui qui transportait des membres de la famille royale saoudienne et celui qui ramenait à Alger le grand patron du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) algérien, le général Mohamed Mediène, dit Toufik. Ce général se trouvait aux États-Unis quelques jours avant le 11 septembre pour prévenir les Américains de l’imminence d’un attentat de grande ampleur jamais connu dans le monde, sans pouvoir fournir de détails permettant de contenir la menace et d’éviter les attentats du 11 septembre 2001, qui restent jusqu’à ce jour une journée noire pour les USA.
Le 6 janvier 2015, c’est le même général Mohamed Mediène, dit Toufik du DRS algérien, qui informa la DGSE française de l’imminence d’une importante opération terroriste en France. Vingt-quatre heures plus tard, le siège de l’hebdomadaire Charlie Hebdo était attaqué. La même année, en octobre 2015, c’est encore le même général Mohamed Mediène du DRS algérien qui transmit une note à la DGSE française, les informant d’un fort risque d’attentats terroristes dans la région parisienne, visant des « centres abritant de grands rassemblements de foules ». Le 13 novembre 2015, eut lieu l’attaque du Bataclan à Paris.
Vers 2010, les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui à ce moment-là avaient développé de fortes alliances anti-terroristes avec le DRS, commencèrent à s’inquiéter de l’infiltration si profonde d’AQMI par le DRS que beaucoup de gens dans la région considéraient qu’AQMI et le DRS étaient finalement la même organisation. Dès lors, le DRS fut caractérisé par les pratiques les plus mafieuses : la création et l’entretien des réseaux criminels tels que des groupes armés islamiques sous le prétexte peu convaincant d’une stratégie d’infiltration, le trafic de drogue et les enlèvements d’otages. Certains analystes évoquaient même l’Algérie comme un « État mafieux ».
Le DRS algérien, sous le commandement du général Mohamed Mediène, était une véritable nébuleuse, au point d’être considéré comme un État dans l’État, échappant au contrôle de la présidence et de l’armée algériennes. L’un des hommes de main du général Mohamed Mediène était Iyad Ag Ghali, agent du DRS. Le DRS algérien, dans certains milieux bien informés, jouissait de la mauvaise réputation d’une société secrète qui tenait d’une main de fer l’État algérien, soumettant tous les présidents à sa volonté, à l’image de la France, où la réalité du pouvoir d’État serait exercée par une société secrète depuis la fameuse révolution française de 1789. La similitude entre les pratiques du DRS et celles en vigueur en France n’est donc pas fortuite.
Après la guerre de libération, le DRS algérien fut progressivement infiltré par des agents de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), une organisation terroriste clandestine française proche de l’extrême droite, créée le 11 février 1961 pour défendre la présence française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle. L’OAS était contre l’indépendance de l’Algérie. Vers la fin des années 80 et au début des années 1990, cette perfidie des agents de l’OAS au sein du DRS avait mûri pour prendre un contrôle total. Cela coïncida avec l’arrivée du général Mohamed Mediène, dit Toufik, à la tête de ce Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) en Algérie. Pour comprendre l’influence des réseaux mafieux sur le DRS algérien, le site d’information Mondafrique a été on ne peut plus clair en écrivant : « (…) L’un des aspects les moins connus de l’accord post-colonial conclu entre les services français et algériens était de confier au DRS la gestion du terrorisme en Afrique du Nord. » Dès lors, le rôle du DRS au Sahel, incarné par des individus comme Iyad Ag Ghali, agent du DRS algérien, devient évident.
De nombreux auteurs soutiennent le rôle actif et de soutien du DRS du général Mohamed Mediène, dit Toufik, dans les rébellions du Niger et du Mali depuis 1990. Au Mali, suite à la rébellion armée menée par Iyad Ag Ghali, c’est Toufik qui négocia et lui obtint un poste de conseiller du président malien, officiellement pour sortir de la crise. En réalité, c’était une infiltration au sommet de l’État malien. Ensuite, c’est le même général algérien qui fit nommer Iyad Ag Ghali diplomate en Arabie saoudite. Enfin, après l’éviction de Iyad Ag Ghali de son poste de diplomate en Arabie saoudite, c’est le patron du DRS, le général Toufik, qui le fit venir en France en lui préparant une reprise d’activité. Cela ne tarda pas : avec la chute de Mouammar Kadhafi, les Touaregs en colère et lourdement armés quittèrent la Libye pour le nord du Mali, désormais organisés sous le nom de Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), qui menaçait sérieusement l’Algérie, dont l’extrême sud est sensible à l’irrédentisme touareg.
Pour faire face à cette menace, le DRS a aidé à la création, fin 2011, de deux nouveaux groupes terroristes islamistes aux côtés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il s’agissait d’Ansar al-Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, agent du DRS, et du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Pour le DRS algérien, la mission de ces trois organisations (AQMI, Ansar al-Dine et le MUJAO), dont il contrôlait les chefs, était de s’allier avec le MNLA au nord du Mali, puis de l’absorber politiquement et militairement dans une insurrection terroriste.
C’est ainsi qu’Iyad Ag Ghali est protégé par les réseaux mafieux du DRS algérien, qui, en tant que société secrète nébuleuse, s’est opposé à l’entrée de l’Algérie dans l’initiative du G5 Sahel.
NB : Le DRS a été dissous en 2016 par le président algérien Bouteflika, mais l’organisation a continué d’opérer dans la clandestinité, faisant fonctionner ses réseaux à l’échelle nationale, sous-régionale et internationale.