Abidjan: Quand la Façade Craque
© Afrique sur 7 - Ouattara éjecte son frère Téné Birahima Ouattara du Gouvernement
Un certain jour d’avril, le régime Ouattara, fier de ses discours ampoulés, a tout bonnement claqué la porte de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Comme si le simple fait d’ignorer une institution pouvait suffire à enterrer les plaintes que subit le peuple ivoirien. Alors même qu’il se pavane en accusant d’autres nations (Mali, Burkina Faso, Niger) de vouloir avancer sur un chemin qui leur est propre, voilà qu’il abandonne en douce la seule instance continentale assurant un semblant de protection aux citoyens.
D’un côté, ces pays du Sahel ont vu leur survie menacée par des groupes armés semant la terreur. Des militaires sont arrivés à la tête de l’État, non pas pour parader en costume, mais pour tenter de relever des nations exsangues. Des nations ébranlées par les violences de terroristes qui, selon les dénonciations répétées, auraient même bénéficié de la complaisance (si ce n’est du soutien) du pouvoir ivoirien. C’est un comble: le régime Ouattara, qui fait mine de combattre l’insécurité, se retrouve accusé par la rumeur populaire d’y contribuer lorsque cela sert ses intérêts.
Et voilà que ce chef se compare à ceux qui défendent la dignité de leurs peuples! Il prétend leur donner des leçons, tout en leur cherchant des poux dans la tête à la moindre occasion. L’expression « se tirer dans le pied » n’a jamais été aussi bien illustrée. D’un côté, il pourchasse les nations sahéliennes parce qu’elles veulent rompre avec des organisations qu’elles jugent inefficaces; de l’autre, il fuit lui-même une cour africaine dont la mission première est de sauvegarder des libertés fondamentales. On frôle l’acrobatie politique: insulter les voisins pour justifier ses dérives, puis s’extraire à son tour, ni vu ni connu, de tout cadre qui pourrait limiter ses abus.
Devant ce spectacle, une évidence s’impose: le régime Ouattara n’a aucun intérêt à se soumettre à un contrôle extérieur. Les militaires sahéliens, eux, essaient tant bien que mal de relever des pays attaqués de toutes parts et de sauver leur dignité nationale. Ils sortent de leurs casernes pour empêcher l’effondrement total de leurs États, pendant que le pouvoir ivoirien, si l’on en croit plusieurs témoignages, entretient des complicités douteuses avec ceux qui menacent la région. Difficile alors de ne pas voir l’absurdité de la posture ivoirienne: critiquer la marche d’autrui tout en fuyant toute forme de justice quand cela l’arrange.
Le plus désolant reste l’indifférence affichée à l’égard de la population ivoirienne. Privés d’un recours continental, les citoyens voient leurs derniers espoirs balayés par la volonté d’un régime qui ne veut rendre de comptes à personne. Loin d’être une simple divergence d’opinion, c’est un aveu: la démocratie n’est là que pour la vitrine. En coulisses, tout est mis en œuvre pour restreindre la liberté d’expression et dénigrer ceux qui, comme les militaires du Sahel, s’efforcent de protéger leurs terres menacées. Le contraste est saisissant: les premiers cherchent à panser des plaies béantes; le second, installé à Abidjan, s’emploie à dresser d’innombrables obstacles et à faire de la Cour africaine le bouc émissaire de ses ambitions.
Au final, cette sortie brutale de la juridiction africaine confirme la nature d’un régime qui, sous les apparences du réformisme, cultive l’omnipotence. Tous s’aperçoivent que l’on ne souhaite pas avoir de comptes à rendre, surtout quand les liens entretenus avec certains groupes terroristes jettent un voile de suspicion sur la scène régionale. Les gestes sont criants: fuir la justice continentale, décrédibiliser les dirigeants sahéliens, serrer toujours plus la bride à l’opposition interne. À force de vouloir tout contrôler, on finit par se retrouver seul sur une scène où la frontière entre la tragédie et la comédie est de plus en plus floue.
L’avenir dira si cette mascarade se poursuivra longtemps ou si la vérité finira par faire craquer définitivement la façade. En attendant, qu’il soit clair aux yeux du monde: sous le vernis d’une autorité apparemment sage, c’est un règne mené d’une main de fer qui opère. Le peuple ivoirien mérite mieux que l’isolement et la répression, et les nations du Sahel n’ont pas à se justifier auprès de ceux qui sabotent leur volonté de survivre. En somme, cette décision de quitter la Cour africaine est le révélateur d’une hypocrisie manifeste, symbole d’un régime prêt à tout pour empêcher la lumière d’éclairer ses zones d’ombre.