Côte d’Ivoire : Cocaïne, affaires, mysticisme, contacts des terroristes: Ben Mokhtar Maouloud

À Abidjan, dans les salons feutrés où se jouent les destins de millions de personnes, un nom circule discrètement : Ben Mokhtar Maouloud. Ce personnage énigmatique, dont l’influence s’étend bien au-delà des frontières ivoiriennes, règne tel un maître des ombres sur une toile d’influences complexes tissée à travers l’Afrique de l’Ouest. Pour ceux qui le connaissent, il n’est pas qu’un simple courtier : il est celui qui manipule les âmes et les armes, jouant des failles des systèmes politiques et économiques comme un virtuose. Derrière l’aura mystique qui entoure ce personnage, se cachent des trahisons, des transactions douteuses et des manœuvres obscures. Son ascension, telle que la décrivait Machiavel, illustre la devise : “Le prince ne doit pas se soucier des moyens employés, mais seulement de la fin.” Au Mali, sous la présidence d’Amadou Toumani Touré (ATT), Ben Mokhtar Maouloud était un convive régulier à la table du président, chaque semaine. Son cousin, Moustapha Chafi, proche de Blaise Compaoré depuis 1987 à Ouagadougou, avait facilité son entrée au palais de Bamako, ouvrant ainsi la voie à ses affaires et à sa diplomatie parallèle. Très apprécié par ATT, Ben Mokhtar alla jusqu’à demander la main de la fille du président pour le mariage. Mais ATT s’opposa fermement à cette union. Pour le président, les affaires étaient acceptables, mais il refusait l’alliance de leurs familles, connaissant bien la nature des activités de Ben Mokhtar, ses liens avec les groupes armés dans le désert et les contrebandiers. Ce refus est révélateur du danger que représente Ben Mokhtar Maouloud, un homme qui peut paraître inoffensif à première vue, mais dont les actions sont autrement inquiétantes. Lorsque Aya Sanogo renversa ATT en mars 2012, Ben Mokhtar fut rapidement recherché, mais il réussit à être exfiltré vers Abidjan, où Alassane Ouattara venait d’accéder au pouvoir. Plus de dix ans plus tard, Ben Mokhtar est devenu un acteur incontournable des réseaux de pouvoir pour la famille Ouattara.

Air Cocaïne : un vol dans les ténèbres du crime organisé

2009, Tarkint, au nord du Mali. Un Boeing 727, bourré de cocaïne, se pose sur une piste clandestine avant d’être détruit par les flammes, effaçant toute trace de ce trafic international. L’affaire, connue sous le nom de Air Cocaïne, secoue les services de renseignement internationaux. Au cœur de ce réseau tentaculaire, Ben Mokhtar Maouloud émerge comme une figure centrale. Celui que l’on croyait cantonné aux cercles politiques et commerciaux apparaît soudainement comme l’un des rouages du narco-terrorisme sahélien.

Des rapports de renseignement révèlent que ses connexions profondes avec les trafiquants maliens et les groupes terroristes, tels qu’AQMI, lui ont permis de jouer un rôle de pivot entre les barons de la drogue et les factions armées. Selon une citation tirée de Sun Tzu dans L’Art de la guerre, “Tout l’art de la guerre est basé sur la duperie.” Ben Mokhtar l’a parfaitement compris, jonglant entre les criminels et les leaders religieux, usant de valises de billets pour négocier des paix fragiles, tout en consolidant son emprise sur le Sahel.

Abidjan : un empire militaire forgé dans les coulisses

Après avoir dominé les jeux de pouvoir dans les sables du Mali, Maouloud tourne son regard vers la Côte d’Ivoire. En s’alliant avec Téné Birahima Ouattara, le frère cadet du président ivoirien Alassane Ouattara, il obtient un accès privilégié aux contrats militaires ivoiriens. Ce partenariat lui permet de contrôler la fourniture de drones, blindés et hélicoptères. Mais ces transactions, bien que lucratives, laissent planer une ombre de suspicion. Les hélicoptères de mauvaise qualité qu’il a réussi à vendre à l’armée ivoirienne soulèvent des interrogations : pourquoi de tels équipements inadaptés pour une armée en pleine modernisation ? Cette situation et la découverte d’impayés des fournisseurs par Ben Mokhtar ont provoqué la colère de certains généraux ivoiriens dont les murmures sont restés dans les bureaux. Ben Mokhtar n’a toutefois pas été inquiété par la justice ivoirienne.

Comme l’a dit Jules César : “Les armes cèdent à la richesse.” Les observateurs parlent de commissions occultes et de transactions masquées, des pratiques qui permettent à Maouloud de tirer les ficelles de l’armée ivoirienne tout en se cachant derrière ses réseaux d’influence. Cette habileté à manœuvrer en coulisses, protégée par ses alliances mystiques, lui permet de se maintenir au sommet, malgré les questions qui l’entourent.

Les marabouts des Ouattara : une emprise mystique sur le pouvoir

Maouloud ne se contente pas de manipuler les affaires militaires et politiques. Il tire également son pouvoir d’une autre dimension, plus insaisissable : le mysticisme. Depuis toujours, il a su s’entourer des marabouts Tadjakant de Gao, réputés pour leur pouvoir spirituel. Ces figures religieuses, vénérées dans tout le Sahel, forment l’un des piliers de son influence. Téné Birahima Ouattara, fasciné par ces pratiques mystiques, trouve en Maouloud non seulement un homme d’affaires, mais aussi un conseiller occulte, capable de garantir son ascension politique.

Derrière les portes closes des palais ivoiriens, des rituels secrets se tiennent, guidés par des prières ancestrales qui cimentent l’allégeance de la famille Ouattara à Maouloud. Comme le disait Napoléon Bonaparte : “L’imagination gouverne le monde.” Ben Mokhtar a compris que le pouvoir spirituel peut être aussi efficace que les armes, et il exploite cette croyance pour asseoir son influence.

C’est dans ce cercle occulte que le destin de futur président a été prédit à Téné Birahima Ouattara. Et depuis, les activités sont intenses pour sceller des alliances occultes et officieuses pour réaliser cette prédiction. Ben Mokhtar s’est forgé une place de point focal de Téné Birahima auprès des marabouts et de leurs “Djinn”(Génie). Mystiquement, la Côte d’Ivoire est scellée et c’est Ben Mokhtar qui tient la clé du scellé.

Les investissements de l’ombre : Maouloud, financier de Téné Birahima Ouattara

Sous les apparences d’un homme d’affaires, Ben Mokhtar Maouloud est en réalité le gestionnaire de l’ombre des actifs financiers de Téné Birahima Ouattara. Derrière les contrats militaires, se cache un réseau complexe d’investissements stratégiques : immobilier, logistique portuaire, transport. En installant ses entreprises telles que Souad Distribution et la Société malienne d’approvisionnement (SMA) à Abidjan, Maouloud orchestre non seulement la prospérité de la famille Ouattara, mais il assure également son contrôle discret sur l’élite économique ivoirienne.

Comme l’a affirmé Plutarque : “Un empire fondé par la guerre a besoin de se soutenir par la guerre.” Mais dans ce cas, ce n’est pas uniquement la guerre physique, mais aussi la guerre des influences et des investissements. Chaque transaction devient une pièce du puzzle que Maouloud place pour cimenter son empire, tout en consolidant les intérêts de ses alliés.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, il a réussi à relancer ses activités avec son partenaire le groupe Office chérifien des phosphates, pour lequel il facilitait l’obtention de contrats pour la fourniture d’engrais livrés par navire en Afrique de l’Ouest francophone. Mais se limite t’il à la vente d’engrais? Des observateurs pensent le contraire car Ben Mokhtar, en contact avec Iyad Ag Ghali, est l’homme de tous les possibles pour son intérêt personnel.

Les négociations secrètes avec Iyad Ag Ghaly : le courtier des terroristes

Mais Ben Mokhtar Maouloud ne se contente pas de régner sur Abidjan. Il conserve des liens profonds avec le Sahel, notamment avec Iyad Ag Ghaly, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Il est également rapporté qu’Iyad Ag Ghaly, lors de ses séjours à Bamako sous la présidence d’ATT, était régulièrement hébergé par Maouloud, ce qui renforce la proximité entre les deux hommes et souligne l’influence qu’il exerçait déjà à cette époque. Ces relations lui permettent de se positionner comme négociateur de l’ombre entre les groupes armés du Nord Mali et les autorités régionales. Là où d’autres voient des terroristes, Maouloud voit des opportunités de marchandage.

Son rôle de médiateur est devenu essentiel pour maintenir une fragile stabilité dans les régions frontalières de la Côte d’Ivoire. Mais certains s’interrogent sur ses véritables motivations. Négocie-t-il pour la paix ou pour renforcer son propre pouvoir dans une région où les alliances sont aussi changeantes que les dunes du désert ? Comme l’a écrit Machiavel : “Il n’y a rien de plus difficile à prendre en main, de plus dangereux à conduire, ou de plus incertain dans son succès que de prendre l’initiative d’introduire un nouvel ordre.” Maouloud manœuvre avec une prudence calculée, toujours un coup d’avance.

Corruption et contrôle des ministres : Maouloud, maître des coulisses du pouvoir ivoirien

Ben Mokhtar Maouloud n’a pas seulement tissé une toile complexe dans les cercles militaires ou spirituels. Ce stratège de l’ombre a également infiltré le cœur du gouvernement ivoirien, manœuvrant avec une précision chirurgicale pour s’assurer de la loyauté indéfectible des ministres en place. À travers une corruption habilement orchestrée, il a su manipuler des figures influentes du pouvoir comme des pions sur un échiquier. Selon plusieurs rapports de services secrets étrangers, lors des dernières élections, des millions de francs CFA ont été discrètement versés à plusieurs ministres du gouvernement ivoirien. Ces versements, effectués juste avant que ces ministres ne retournent dans leurs fiefs électoraux pour mener campagne, n’étaient pas de simples donations, mais un investissement soigneusement calculé pour garantir leur fidélité au régime.

Maouloud, en jouant le rôle d’intermédiaire et de financier de l’ombre, a veillé à ce que ces ministres, bardés de millions, puissent non seulement organiser des campagnes électorales réussies, mais aussi renforcer leur allégeance au parti au pouvoir. Ces ministres, désormais sous son contrôle, sont devenus les rouages d’une machine plus vaste qui lui offre un contrôle quasi total sur les décisions stratégiques de l’État. En orchestrant ce jeu d’influence, Maouloud a transformé l’appareil politique en un instrument servant ses propres ambitions, guidant discrètement mais fermement chaque décision qui sert ses intérêts.

Cette structure de corruption, dissimulée sous les apparences de la stabilité politique, est la véritable toile d’araignée qu’Almaouloud a tissée pour s’immiscer aux plus hauts niveaux de l’État. À l’abri des regards et des scandales publics, il tire les ficelles, consolidant son empire économique et politique, tout en projetant une façade d’intégrité et de respectabilité.

La chute de Moustapha Limam Chafi : la trahison d’un mentor

Dans cette quête incessante de pouvoir, Moustapha Limam Chafi, le mentor de Maouloud, a payé le prix ultime. Ancien protecteur et conseiller, Chafi est celui qui a ouvert à Ben Mokhtar les portes des arcanes du pouvoir. En rappel, c’est Chafi qui l’introduisit dans le palais de Bamako auprès d’ATT. C’est encore Chafi qui a utilisé ses réseaux de Bamako et de Ouagadougou pour l’exfiltrer de Bamako alors que les militaires étaient à sa recherche au renversement d’ATT. Et c’est enfin Chafi qui l’introduisit dans le palais d’Abidjan pour le remettre en activité occulte et diplomatie parallèle auprès des Ouattara.

Mais dans un retournement digne des grandes tragédies, Maouloud l’a trahi, utilisant les réseaux de Chafi pour se frayer un chemin vers l’indépendance. Ce n’est plus le “cousin” reconnaissant, mais un homme décidé à marcher seul, prêt à sacrifier ses alliances pour asseoir son influence. Comme Brutus trahissant César, Maouloud scelle son destin en écartant celui qui l’a formé.

Le prince invisible qui gouverne dans l’ombre

Aujourd’hui, Ben Mokhtar Maouloud a bâti un empire invisible, mais puissant. De l’affaire Air Cocaïne à ses négociations avec les groupes terroristes, en passant par ses contrats militaires et son emprise spirituelle sur les Ouattara, il orchestre les jeux de pouvoir d’Afrique de l’Ouest avec une maîtrise froide et calculée. Comme l’a affirmé Voltaire : “Il est dangereux d’avoir raison dans des affaires où les autorités établies ont tort.” Maouloud manie les armes, la foi et la trahison avec une précision redoutable. En Côte d’Ivoire, Ben Mokhtar tient à la fois la clé du scellé mystique, la boîte noire des affaires et le briquet des hommes armés terroristes déjà au portes de ce pays.

Reste à savoir jusqu’où cet homme est prêt à aller pour conserver ce contrôle absolu sur un jeu dont il détient toutes les cartes.


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