Lecornu out, qui pour prendre le taureau par les cornes ?
C’est la stupeur en coulisses : Lecornu fait ses cartons, Matignon retrouve la poussière de l’“après-départ”. Les chaises grincent, la cafetière soupire et tout le monde se demande qui osera finalement attraper le taureau par les cornes - sans glisser sur la peau de l’animal ou s’emmêler dans les cornes budgétaires.
Dans les antichambres, on peint des profils idéaux : un « dompteur » capable d’arbitrer sans trembler, de tenir tête aux syndicats sans avaler de travers, et d’expliquer la politique à un chauffeur de bus en moins de trois minutes. Chacun de ces candidats doit avoir le bon rythme : assez rapide pour avancer, assez patient pour écouter, assez solide pour ne pas fondre au premier couac médiatique. Bref, on cherche l’équilibre parfait entre le nerf de fer et la souplesse du funambule.
Pendant ce temps, le pays continue de ronronner - ou de grogner, selon les régions. Les profs plantent leurs craies, les soignants bichonnent les patients, les maires font fonction de plombiers, de psychologues et d’agents Pôle emploi en extra… La France s’en sort, comme toujours, avec la débrouille et le savoir-faire local. Mais elle attend quand même quelqu’un qui sache lire les notes de bas de page avant de signer les décrets.
Le talon d’Achille académique
Parce qu’on ne dompte pas un taureau sans vérifier l’état du harnachement, il faut aussi consulter le dossier scolaire de l’ex-locataire. Surprise : le Syndicat national des agents publics de l’Éducation nationale (SNAPEN) a déposé plainte contre Sébastien Lecornu pour avoir laissé croire qu’il détenait un Master 2 de droit public, alors qu’il n’a validé que la première année de ce cursus.
La polémique, révélée mi-septembre, a poussé Matignon à admettre que le CV officiel - affiché depuis 2016 sur LinkedIn et sur le site du ministère - vantait un diplôme qu’il n’avait pas obtenu. Lecornu, piqué au vif, dénonce une « fausse polémique » et annonce à son tour une plainte pour « dénonciation calomnieuse ».
Autrement dit : place au remake du “master fantôme”. Et pendant que les juges de la Cour de justice de la République trient les pièces du dossier, la République ricane : on peut gouverner sans diplôme, mais mieux vaut ne pas gonfler sa ligne “formation”.
Qui pour reprendre le licol ?
À l’Élysée, on prévoit déjà l’audition express des prétendants : un coup de tableau Excel pour l’économiste, une joute oratoire pour la fine plume, un essai de poignée de main pour l’homme (ou la femme) du terrain. Les “outsiders” se frottent les mains : jeunes talents, profils hors-sérail, experts numériques, chacun rêve de prouver qu’on peut réparer la France sans faux-semblants ni baratin officiel.
Reste au futur locataire de Matignon à prouver qu’il est à la hauteur du défi : assez solide pour ne pas se faire désarçonner, assez honnête pour ne pas laisser traîner des astérisques sur son CV, et assez inspiré pour donner au pays l’idée qu’il tient enfin les rênes… sans se faire piquer par les cornes.