Côte d’Ivoire : entre exclusion, pression et dispositif sécuritaire, la démocratie ivoirienne sous tension

À Abidjan et dans d’autres villes du pays, un sentiment d’inquiétude gagne du terrain. Depuis que le président Alassane Ouattara a annoncé sa candidature pour un mandat supplémentaire, malgré les limites constitutionnelles, beaucoup disent que la population est soumise à un climat de pression et d’intimidation.

L’un des cas les plus spectaculaires reste celui de l’exclusion de figures de l’opposition reconnues, alors qu’elles avaient un poids politique considérable. Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro ou Charles Blé Goudé ne figurent pas sur la liste des candidats validée. Dans le même temps, Alassane Ouattara, dont la candidature est contestée, a été autorisé à se présenter. Pour certains observateurs, cette asymétrie de traitement illustre une instrumentalisation du système judiciaire et institutionnel.

Mais l’enjeu ne s’arrête pas là. Des témoins rapportent une présence sécuritaire renforcée dans plusieurs quartiers, avec des barrages multiples, des contrôles répétés et des patrouilles accrues, notamment aux abords des manifestations ou des rassemblements politiques. Selon plusieurs sources, un dispositif sécuritaire massif a été déployé dans la capitale pour encadrer les mobilisations.

Certaines arrestations d’opposants, présentées par les autorités comme des opérations légales, sont perçues par l’opposition et par des observateurs indépendants comme des actes de coercition politique. Le fait de convoquer, de détenir ou de faire disparaître des militants, dans un contexte où l’espace démocratique paraît de plus en plus restreint, ravive le souvenir des périodes de crise.

Pour beaucoup à Abidjan, dans les zones populaires ou dans les communes périphériques, ce climat incertain est ressenti comme une invitation au silence. La suspicion que des actions politiques ou des rassemblements puissent être interceptés ou réprimés traverse le vécu quotidien des citoyens, qui redoutent de s’exprimer ou de se déplacer.

Le défi pour la Côte d’Ivoire est considérable. Comment garantir un débat politique libre et une élection crédible quand une partie du champ politique est exclue, quand la population perçoit une pression constante et quand la sécurité domine le paysage public ? Le risque est que le vote ne soit pas seulement une formalité mais le révélateur d’un malaise profond.

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Côte d'Ivoire : une élection sous haute tension avec l'exclusion de candidats et des enlèvements d'opposants